Dessin d’ambiance
Le lièvre et l’arbre à palabres
Aujourd’hui, en cette fin de XXIIème siècle, les conséquences du réchauffement climatique continuent de sévir, mais certains ont réussi à s’adapter.
Une année, vint un temps où les créatures durent apprendre à se comprendre entre elles, le réchauffement climatique rendait la terre stérile, l’eau rare, et ce fût la famine. Le lion, qui, alors, gouvernait les contrées terrestres, ordonna au lièvre, connu pour ses astuces, de l’aider face à ce fléau.
Le lièvre aux milles ruses, craignant de finir sous les griffes du souverain, s’empressa d’aller sous l’arbre à palabres. Il avait entendu dire que chaque problème y trouvait sa solution. Après plusieurs heures passées à réfléchir sous le feuillage du fromager, il se mit à pleurer :
– Si je ne trouve pas de solution, le lion me découpera en morceaux !
– Je peux certainement t’aider. Si toi, tu es plus intelligent, mon savoir est plus grand et je peux prédire ton avenir, répondit une voix.
Surpris, le lièvre dressa ses oreilles et dit :
– Depuis quand les arbres parlent-ils ?
– Les arbres ne parlent pas, voyons ! C’est moi, l’araignée ! Ecoute ce que j’ai à te dire : prends un pot de terre avec toi et attends sous cet arbre jusqu’à demain matin, tu verras tes problèmes résolus.
Le lièvre décida de suivre ces conseils, alla chercher un pot et revint sous l’arbre à palabres.
Au crépuscule, il sentit le sol trembler : les vieux éléphants arrivaient pour se rassembler sous le feuillage. Il se cala confortablement entre les racines du fromager.
– Vous avez vu cette sécheresse ! dit l’un d’entre eux. Cela me rappelle que nos aïeux préparaient le sol avant la semence, avec des feuilles et des branches décomposées, pour le rendre fertile même en saison sèche.
– Oui tu as raison, dit un deuxième, et, si ma mémoire est bonne, l’eau ne manquait pas non plus !
Les vieillards continuèrent à deviser de leurs expériences. A ce moment, une goutte d’eau tomba sur le nez du lièvre. Il leva la tête et vit la rosée perler dans la toile de l’araignée. Il comprit alors l’utilité du pot et le posa en dessous. Il écouta les éléphants veiller tard dans la nuit, puis s’endormit.
Quand il se réveilla au matin, son pot était rempli d’eau, et sa tête d’idées. Ainsi le lièvre remédia au manque d’eau, et rendit la terre fertile.
Note explicative :
Ce conte a été écrit en octobre 2015 par Théophile Fofana. Il s’est inspiré des contes traditionnels d’Afrique de l’Ouest.
Le lièvre et l’araignée sont des personnages récurrents dans les contes d’Afrique occidentale. On les retrouve notamment dans ceux retranscrits par Léopold Sedar Senghor, Amadou Hampâté Bâ, Birago Diop et Jean Chatenet. Ces contes ont une vocation à la fois pédagogique et divertissante. Les conteurs traditionnels recoupent leur récit de développements instructifs, ici il est question de techniques agricoles, comme par exemple le Zaï ou les filets récupérateurs de rosée dits filets à nuages
Comme le disaient les vieux initiés bambaras : « Si vous voulez sauver des connaissances et les faire voyager à travers le temps, confiez-les aux enfants. »
Le jardin sera visible au Festival des Jardins de Chaumont sur Loire.
des photos ici…
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